Le mensuel économique de septembre 2025

Publié le 17 sept. 2025
Actualités économiques

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À la pompe ou à la table : des prix qui dictent l’inflation

L’augmentation de l’inflation en août s’explique surtout par le ralentissement de la chute des prix de l’essence ainsi que par la forte progression du coût de la viande, notamment du bœuf. Ces pressions haussières ont toutefois été partiellement compensées par le recul du prix des voyages organisés et des fruits frais. Dans ce contexte, la récente décision de la Banque du Canada d’abaisser son taux directeur de 2,75 % à 2,50 % reflète la volonté de soutenir l’économie alors que l’inflation se situe de nouveau dans la cible, un choix qui vise à équilibrer la relance économique et la stabilité des prix. Les gouvernements devraient ainsi concentrer leurs interventions sur l’amélioration de la productivité et de l’offre, plutôt que sur des mesures de stimulation de la demande qui risqueraient de nourrir de nouvelles pressions inflationnistes.

- Miguel Ouellette, directeur principal et économiste chez Mallette

Actualité économique

Moins de luxe, plus d’essentiels : le nouveau visage de nos dépenses

La mise à jour 2025 du panier de l’indice des prix à la consommation (IPC) révèle une transformation notable par rapport à 2015. Le logement représente maintenant 29,4 % des dépenses des consommateurs, contre 27,2 % il y a 10 ans, confirmant l’importance croissante des loyers et des coûts hypothécaires dans les budgets des ménages. Les aliments gagnent aussi du terrain, passant de 16,2 % à 16,9 %, un poids qui s’explique par la hausse persistante des prix à l’épicerie. En contrepartie, les vêtements et chaussures reculent nettement, de 5,4 % à 4,4 %, tout comme les loisirs, qui passent de 10,9 % à 10,1 %.

Le transport, qui représentait près de 20 % du panier en 2015, n’en pèse plus que 16,9 % aujourd’hui, après avoir fortement chuté en 2020 avec la baisse des dépenses liées à la mobilité. Enfin, la catégorie des boissons alcoolisées, produits du tabac et cannabis a temporairement grimpé avec la légalisation, mais recule à 4,0 % en 2025. Ces ajustements traduisent un changement clair des comportements : en dix ans, les ménages ont dû concentrer une plus grande part de leurs dépenses sur les besoins essentiels comme se loger et se nourrir, au détriment des achats discrétionnaires. L’IPC est ainsi devenu plus sensible que jamais à la dynamique des prix immobiliers et alimentaires, ce qui accentue leur rôle dans la trajectoire de l’inflation canadienne.

En dix ans, le logement et l’alimentation ont pris une importance croissante dans le panier de l’IPC, atteignant ensemble près de la moitié du budget type de consommation des ménages. Dans le même temps, les postes plus discrétionnaires comme les vêtements, les loisirs et même le transport perdent du terrain. Cette évolution souligne un enjeu de politique publique majeur : tant que l’offre de logements et la sécurité alimentaire demeurent sous pression, l’inflation canadienne restera étroitement liée à ces besoins essentiels.

– Catherine St-Pierre, analyste en services-conseils chez Mallette

Inflation

Inflation canadienne

En août 2025, l’inflation annuelle varie sensiblement d’une province à l’autre. Le Québec affiche la hausse la plus marquée à 2,7 %, suivi de la Nouvelle-Écosse (2,2 %) et du Manitoba (2,0 %). À l’inverse, les provinces de l’Atlantique comme l’Île-du-Prince-Édouard (1,1 %) et Terre-Neuve-et-Labrador (1,3 %) enregistrent les progressions les plus faibles. Dans l’ensemble, le taux canadien s’établit à 1,9 %, confirmant une inflation contenue, mais influencée par des pressions régionales contrastées.

Inflation québécoise

Au Québec, l’IPC a progressé de 0,2 % entre juillet et août 2025. Cette hausse mensuelle s’explique surtout par la forte croissance des coûts de logement (+0,9 %), notamment les loyers et les frais liés aux intérêts hypothécaires. Les prix des aliments sont demeurés stables, tandis que les transports ont légèrement reculé (-0,2 %), freinés par une baisse persistante de la demande malgré un léger rebond de l’essence. Les services de santé et soins personnels sont restés inchangés, de même que plusieurs postes discrétionnaires comme les loisirs. Dans l’ensemble, l’inflation au Québec demeure tirée par les dépenses de base, en particulier le logement, alors que les biens de consommation courante et les loisirs exercent peu de pression à court terme.