Le mensuel économique d'octobre 2025

Publié le 22 oct. 2025

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Le Québec, entre stagnation démographique et inflation

Le Québec entre dans une nouvelle ère démographique, marquée par un déclin naturel inédit de sa population. Ce renversement, accentué dans les régions rurales, met en lumière un défi structurel pour l’économie québécoise : la rareté croissante de la main-d’œuvre. À long terme, cette contraction du bassin de travailleurs risque de freiner la croissance, d’alourdir la pression sur les finances publiques et de compromettre la pérennité de nombreux services locaux. Dans ce contexte, l’immigration devient un pilier incontournable du dynamisme économique et social, à condition qu’elle soit accompagnée d’une politique d’intégration territoriale et socioéconomique efficace. Parallèlement, le Québec devra miser sur des gains de productivité — par l’innovation, la formation et la modernisation des entreprises — pour compenser le ralentissement démographique et préserver sa compétitivité. Ce défi est d’autant plus pressant que le Québec affiche actuellement le taux d’inflation le plus élevé au pays (3,3 %), une situation qui accentue la pression sur les ménages et les entreprises et souligne la nécessité d’une économie plus performante et résiliente.

- Miguel Ouellette, directeur principal et économiste chez Mallette

Actualité économique

Le Québec à la veille d’une décroissance démographique

En 2024, l’accroissement naturel de la population québécoise est passé sous la barre de zéro, alors que le nombre de décès a surpassé celui des naissances. Bien que les régions urbaines enregistrent un recul notable du taux d’accroissement naturel, ce sont les régions rurales et les petites villes qui sont les plus durement touchées, affichant un taux négatif depuis 2022.

Ces tendances, en déclin depuis leur sommet de 2008, marquent un tournant démographique majeur pour la province. Les données soulèvent des préoccupations quant aux perspectives à long terme pour le Québec, notamment en exerçant une pression croissante sur le marché du travail et la disponibilité de la main-d’œuvre, ainsi que sur le potentiel de croissance économique et les revenus fiscaux de l’État.

Dans ce contexte, l’immigration apparaît comme un levier essentiel afin de soutenir la vitalité démographique et économique du Québec, en particulier dans les régions en déclin et les secteurs en pénurie. Toutefois, ce levier doit s’accompagner d’une gestion rigoureuse des politiques d’accueil, en tenant compte des capacités d’intégration des milieux afin d’éviter un choc de demande sur des infrastructures locales déjà sous pression. De plus, l’immigration à elle seule ne peut garantir la prospérité économique. Des gains de productivité seront également essentiels pour soutenir la croissance économique à long terme du Québec, maintenir la compétitivité des entreprises d’ici et préserver l’équilibre des finances publiques.

Dans les dernières années, l’immigration a été la principale source de croissance démographique à travers le Canada. Environ 1,4 million de personnes ont immigré au pays en 2022, soit l’équivalent de la population totale du Manitoba en une seule année.

Cet afflux important a généré un choc de demande significatif, mettant sous pression les infrastructures, les services publics et le marché du logement. Les discussions de révision des seuils d’immigration devraient ainsi tirer des leçons de cette période, en s’appuyant sur une évaluation rigoureuse des capacités d’accueil pour assurer une intégration durable et équilibrée, tout en tenant compte de la décroissance démographique à prévoir si les seuils sont trop peu élevés et des conséquences socioéconomiques.

- Alexandra Lareau, conseillère et économiste, Marketing, études et stratégies chez Mallette

Inflation

Inflation canadienne

En septembre 2025, le taux d’inflation au Canada s’est établi à 2,4 %, ce qui représente une augmentation de 0,5 p.p. par rapport au taux d’inflation du mois précédent.

Le portrait provincial demeure contrasté : le Québec (3,3 %) se distingue avec le taux d’inflation le plus élevé au pays, surpassant ainsi la fourchette cible de la Banque du Canada établi entre 1 % et 3 %, tandis que l’Île-du-Prince-Édouard affiche le taux d’inflation le plus faible (1,7 %).

À l’approche de la prochaine décision du taux directeur de la Banque du Canada le 29 octobre prochain, cette accélération de l’inflation en septembre pourrait l’inciter à maintenir sa politique monétaire inchangée.

Inflation québécoise

Le taux d’inflation au Québec était de 3,3 % en septembre, en hausse de 0,6 p.p. par rapport au mois précédent et soutenu par l’augmentation de l’inflation dans la majorité des catégories de biens et services.

Le logement (5,9 %), l’énergie (3,7 %) et les aliments (3,3 %) ont été les postes de dépenses avec les niveaux d’inflation annuelle les plus élevés au Québec. De plus, les catégories de l’essence, de l’énergie et du transport ont été les principaux moteurs de la hausse d’un mois à l’autre, ayant affiché les plus fortes variations mensuelles de leur taux d’inflation, respectivement de 10,9 p.p., 7,0 p.p. et 2,3 p.p., illustrant un rebond des prix dans les secteurs de l’énergie et des transports après une période de déflation depuis mars 2025.