Les derniers chiffres d’inflation confirment une accalmie, mais le Québec demeure légèrement au-dessus de la moyenne nationale, maintenant une pression tangible sur les ménages et les entreprises. Dans ce contexte, le nouveau budget fédéral marque un virage vers davantage d’investissements structurants (innovation, productivité, infrastructures) plutôt que des mesures de stimulation généralisées. Cette orientation tombe à point, car la productivité régionale se révèle désormais le véritable déterminant de la prospérité québécoise. Le Québec affiche des écarts marqués : les régions ressources, comme la Côte-Nord et le Nord-du-Québec, présentent une productivité par emploi presque deux fois plus élevée que Montréal, tandis que plusieurs régions manufacturières se situent sous la moyenne provinciale. Dans un contexte de vieillissement démographique et de rareté de main-d’œuvre, ces différences deviennent un enjeu stratégique.
Pour maintenir la compétitivité et préserver les services publics, le Québec devra accélérer les gains de productivité dans toutes ses régions, notamment par l’automatisation, la transition numérique et la formation. Autrement dit, la prospérité des prochaines années dépendra moins du nombre d’emplois que de la capacité de chaque région à créer davantage de valeur avec les ressources dont elle dispose.
- Miguel Ouellette, directeur principal et économiste chez Mallette
L’emploi, les salaires et l’attractivité économique sont souvent mis de l’avant pour expliquer la prospérité économique. Pourtant, derrière ces indicateurs se cache un facteur déterminant : la productivité, véritable moteur de prospérité. Elle traduit la capacité de chaque région à créer davantage de valeur avec les ressources dont elle dispose. Et sur le plan de la productivité, le Québec présente un portrait contrasté entre ses régions.
Les régions ressources, comme la Côte‑Nord et le Nord-du-Québec, se démarquent de l’ensemble des régions, soutenues par une forte présence d’industries liées à la valorisation des ressources naturelles, qui génèrent une valeur élevée par emploi. De leur côté, les grandes régions métropolitaines, comme Montréal et la Capitale-Nationale, affichent également des niveaux de productivité élevés, supportés par la concentration d’entreprises à forte valeur ajoutée, telles que des centres de recherche, des universités et des sièges sociaux. Finalement, les régions manufacturières se positionnent globalement sous la moyenne du Québec, suggérant un nombre d’emplois élevés par rapport à la valeur produite par emploi.
Ces écarts entre régions soulèvent un enjeu de politique publique en matière de développement économique, notamment dans un contexte marqué par le vieillissement démographique et la rareté de main-d’œuvre. L’amélioration de la productivité régionale devient alors un levier essentiel stratégique pour maintenir la compétitivité des entreprises, soutenir la croissance des revenus et les niveaux de vie, préserver les services publics et réduire les disparités territoriales. Afin d’accroître les niveaux de productivité, les stratégies devront dépasser l’attraction d’entreprises et inclure des incitatifs favorisant les investissements qui augmentent la valeur ajoutée locale, notamment via l’automatisation, la transition numérique, la formation de la main-d’œuvre, la recherche appliquée et le développement d’infrastructures stratégiques.
Pour parvenir à bâtir une économie plus résiliente et prospère, les régions devront identifier les leviers de productivité adaptés à leurs réalités et miser sur une alliance forte entre entreprises, gouvernements et institutions locales afin de transformer le potentiel économique en performance durable.
Dans le contexte du budget fédéral 2025, qui vise notamment à accélérer les investissements privés pour accroître la productivité, il sera essentiel que les incitatifs fiscaux et programmes d’investissement prévus ruissellent vers les entreprises et se matérialisent en réels gains de productivité.
Ces mesures représentent une occasion stratégique pour les organisations du Québec d’accélérer leur transformation et soutenir des projets structurants, en misant sur l’automatisation, la transformation numérique, la formation de la main-d’œuvre et le développement d’infrastructures, contribuant ainsi dans une perspective plus large à renforcer la compétitivité et à assurer une croissance économique durable pour l’ensemble des régions du Québec.
- Alexandra Lareau, conseillère et économiste, Marketing, études et stratégies chez Mallette
À la fin octobre 2025, le taux d’inflation au Canada s’établissait à 2,2 %, en baisse de -0,2 p.p. par rapport à septembre.
Cette tendance met en évidence un recul généralisé, alors que sept des dix provinces ont enregistré une diminution sur la période. Les plus fortes diminutions ont été observées en Saskatchewan, à l’Île-du-Prince-Édouard et en Ontario. Malgré cette tendance, le Québec demeure parmi les provinces les plus inflationnistes, avec un taux de 3,2 % en octobre.
Au Québec, le taux d’inflation a reculé de -0,1 p.p. en octobre comparativement à septembre, s’établissant ainsi à 3,2 %. Ce ralentissement s’explique par la baisse marquée de l’inflation par rapport au mois précédent de certaines composantes, notamment l’essence (-4,4 p.p.), les vêtements et chaussures (-3,5 p.p.) et l’énergie (-2,8 p.p.).
Toutefois, d’autres postes continuent d’alimenter l’inflation. Les dépenses liées au logement, telles que les loyers et frais d’entretien et de réparation, ainsi que les aliments, dont la viande, exercent une pression à la hausse. Ces catégories demeurent des facteurs clés expliquant la persistance d’un taux d’inflation élevé au Québec.