La croissance des données n’a jamais été aussi importante en termes de variété, de volume et de vélocité, et ce, tant au niveau opérationnel qu’informationnel et d’analytique avancée. Le nombre d’entreprises possédant plus de 100 To de données non structurées a doublé depuis 2016. Les sources de données se sont multipliées avec les réseaux sociaux, les applications mobiles et les capteurs de données.
Dans les organisations, les données sont de plus en plus présentes, utilisées, partagées et leur accès est démocratisé. Toutefois, on observe de plus en plus de brèches de cybersécurité et de fraudes au niveau des données et parfois de mauvaises décisions sont prises dues à une mauvaise qualité de données.
Sans compter que les instances réglementaires précisent et augmentent les normes et les réglementations notamment sur les données personnelles et confidentielles afin qu’elles soient gérées de façon hautement sécuritaire. C’est pourquoi une bonne gouvernance des données est devenue indispensable.
La gouvernance des données regroupe un ensemble de processus, de stratégies, de rôles et de normes visant à assurer une utilisation fiable et sécurisée des informations. Elle encadre la gestion des données tout au long de leur cycle de vie afin qu’elles demeurent précises, privées, accessibles et exploitables. En d’autres termes, elle garantit que les données circulent dans l’organisation de manière cohérente, encadrée et sécuritaire.
Mettre en place une stratégie solide de gouvernance des données est devenu incontournable pour les organisations qui souhaitent stimuler leur croissance, renforcer leurs décisions stratégiques et atteindre leurs objectifs dans un marché de plus en plus compétitif. En collectant d’importants volumes de données internes et externes, les entreprises doivent se doter d’un cadre permettant de réduire les risques, maîtriser les coûts et transformer l’information en valeur réelle pour leurs activités.
Une gouvernance efficace garantit que les données sont fiables, cohérentes et exemptes d’erreurs. Elle permet d’éliminer les doublons, de corriger les incohérences et d’assurer que les informations utilisées pour l’analyse et la prise de décision sont toujours exactes.
Les règles et la réglementation en matière de protection et de confidentialité des données personnelles augmentent considérablement au fur à mesure que l’accès aux données se démocratise et que la quantité d’information disponible augmente.
Il y a quelques lois qui régissent la gestion des données. En voici un aperçu :
Au Québec, le projet de loi 64 (PL-64) inclut l’obligation pour toute entreprise d’établir et de mettre en œuvre des politiques et des pratiques encadrant leur gouvernance des données à l’égard des renseignements personnels. Les entreprises doivent publier ces politiques sur leur site internet.
Au Canada, le projet de loi C-11 est une réforme en train de se formaliser ayant comme portée la protection des renseignements personnels et des données.
En Europe, il y a déjà en place, le RGPD ou le règlement général de la protection des données.
Des données bien gouvernées offrent une base solide pour la prise de décisions stratégiques et opérationnelles. Les gestionnaires et dirigeants peuvent s’appuyer sur des informations précises et à jour pour anticiper les tendances, optimiser les processus et ajuster leurs stratégies.
La gouvernance établit des règles claires sur qui peut accéder à quelles données et dans quelles conditions. En limitant les accès et en assurant la traçabilité, elle contribue à prévenir les brèches de sécurité, les fraudes et les utilisations non autorisées.
Enfin, une gouvernance bien structurée permet d’optimiser l’utilisation des données, de réduire les redondances et de fluidifier les processus internes. Résultat : une meilleure productivité, une réduction des coûts et une capacité accrue à exploiter pleinement le potentiel de ses actifs informationnels.
Mettre en place une stratégie de gouvernance des données est un projet structurant qui demande de l’engagement et une vision claire. Elle ne se limite pas à des outils technologiques : c’est une démarche globale qui implique la direction, les équipes et les processus de l’organisation.
La réussite d’une gouvernance passe par l’implication de la haute direction. Sans engagement des dirigeants, il est difficile d’instaurer une culture de gestion responsable des données. Le soutien exécutif permet de mobiliser les ressources nécessaires, de légitimer les règles mises en place et de garantir leur adoption à tous les niveaux.
Une fois le projet lancé, il est essentiel d’identifier et documenter les données existantes, leurs sources et leurs flux. Cette cartographie permet de savoir où se trouvent les données, comment elles circulent et qui y a accès. Elle constitue la base d’une gouvernance solide, en offrant une vision claire des actifs informationnels de l’entreprise.
La gouvernance doit ensuite s’appuyer sur des politiques internes bien définies : comment collecter les données, où les stocker, combien de temps les conserver et dans quelles conditions les partager. Ces politiques doivent être alignées avec les lois (ex. loi 25, RGPD) et adaptées aux réalités opérationnelles de l’entreprise.
La réussite repose sur la désignation de responsables de données (data stewards) et d’un chief data officer (CDO). Ces acteurs assurent le suivi quotidien de la gouvernance, sensibilisent les employés, et veillent à ce que les règles soient respectées. Ils agissent comme intermédiaires entre les équipes TI, les métiers et la direction.
Enfin, une stratégie efficace doit inclure des indicateurs de performance : qualité des données (taux d’erreurs, complétude), conformité réglementaire, temps d’accès à l’information, incidents de sécurité. Le suivi et l’amélioration continue garantissent que la gouvernance évolue avec les besoins de l’organisation et les nouvelles réglementations.
La gouvernance des données ne repose pas uniquement sur des politiques et des rôles : elle s’appuie aussi sur des outils technologiques qui facilitent l’application concrète des règles, la classification des informations et la surveillance continue de leur utilisation. Ces solutions permettent d’automatiser une partie du travail et de réduire les risques liés aux erreurs humaines.
Les outils de catalogage aident à recenser, organiser et catégoriser les données de l’entreprise. Ils permettent de savoir où se trouvent les données sensibles, de définir des métadonnées claires et de faciliter leur recherche par les utilisateurs autorisés. La classification automatique (par exemple selon le type de données personnelles ou financières) est un atout majeur pour assurer la conformité et la traçabilité.
Un autre volet est la gestion des droits et des accès. Les solutions de gouvernance permettent de définir qui peut consulter, modifier ou partager une donnée précise. Cela réduit les risques de fuite d’information et protège les données confidentielles grâce à des mécanismes comme l’authentification renforcée, le chiffrement ou l’anonymisation.
Les plateformes modernes intègrent des fonctionnalités de surveillance en temps réel : alertes en cas d’utilisation non conforme, rapports automatisés pour démontrer la conformité aux lois ou encore le suivi des obligations de conservation. Cela facilite les audits et réduit le risque de sanctions.
Microsoft Purview (ex-Azure Purview) : propose un catalogue de données unifié, la classification des données sensibles et le suivi de leur traçabilité (data lineage).
Talend Data Fabric : combine intégration, qualité et gouvernance des données dans une même plateforme.
SAP Master Data Governance (MDG) : spécialisé dans la gestion centralisée et la qualité des données de référence.
Google Cloud Data Governance : centré sur la sécurité, la confidentialité et la visibilité des données multi-cloud.
Ces outils ne remplacent pas une stratégie, mais ils la renforcent et permettent aux organisations de passer de politiques théoriques à une application concrète et mesurable de la gouvernance des données.
Quelle est la différence entre la gouvernance des données et la gestion des données ?
La gestion des données regroupe l’ensemble des pratiques techniques liées à la collecte, au stockage et à l’exploitation des données. La gouvernance des données, elle, définit les politiques, règles et responsabilités qui encadrent cette gestion. En résumé, la gestion est opérationnelle, tandis que la gouvernance est stratégique et normative.
Quels sont les principaux avantages de la gouvernance des données ?
La gouvernance des données permet d’améliorer la qualité des informations, de renforcer la sécurité et la conformité réglementaire, de réduire les coûts liés aux erreurs et de faciliter la prise de décision grâce à des données fiables et accessibles.
Quels outils peuvent aider à mettre en place une gouvernance des données efficace ?
Plusieurs plateformes technologiques existent, comme Microsoft Purview, SAP Master Data Governance, Talend Data Fabric ou Google Cloud Data Governance. Ces outils offrent des fonctionnalités de catalogage, de classification, de contrôle des accès et de suivi de conformité.
La gouvernance des données est-elle obligatoire au Québec et au Canada ?
Oui, en partie. Avec la Loi 25 au Québec et le projet de loi C-11 au Canada, les organisations doivent mettre en place des politiques et pratiques claires pour protéger les renseignements personnels. La gouvernance des données devient donc un levier essentiel de conformité.
Comment débuter une stratégie de gouvernance des données ?
Il est recommandé de commencer par un diagnostic de l’existant (cartographie des données et flux), de définir des règles et responsabilités claires (ex. : stewards de données), puis de déployer des outils adaptés pour automatiser la classification et la sécurité. Enfin, un suivi régulier avec des indicateurs de performance garantit l’amélioration continue.